J'ai souvent pu entendre que le problème avec les vaccins, c'était que beaucoup étaient imposés. Après tout ce n'est pas anodin de se faire injecter quelque chose sous la peau, et ça devrait être un choix personnel ! On pourrait même se dire qu'il y a quelque chose de louche derrière cette obligation. Voici donc une explication du concept de couverture vaccinale, ou "pourquoi les vaccins sont un traitement à part" (vous pouvez retrouver le lien vers la fiche synthétique ici).
Si l'on peut constater empiriquement que la couverture vaccinale semble correspondre à une diminution des cas de rougeole, comme attendu, il est nécessaire de déterminer si ce lien tient de la corrélation ou de la conséquence. Le graphique ci-dessous, dont vous pouvez retrouver la source en bas de cet article, permet de quantifier cette dépendance et de conclure à un lien de causalité, car on voit une nette pente négative (quantifiée plus en détails dans l'article) qui traduit que plus la couverture vaccinale des enfants de 24 mois augmente, plus le nombre de cas chez les enfants de moins de 5 ans diminue.
La couverture vaccinale
I/ Un p'tit coin de parapluie, pour un coin de paradis
Une métaphore assez courante pour expliquer le principe de la couverture vaccinale est la métaphore du parapluie.
Imaginez que tout le monde autour de vous tienne un parapluie ouvert pour se protéger de la pluie. Vous-même n'en avez pas, mais grâce à ceux qui vous entourent, vous êtes tout de même à l'abri des gouttes. De votre point de vue, rien ne change donc entre le fait de porter un parapluie et le fait de ne pas en porter, puisque de toute façon on reste au sec ! En plus, un parapluie c'est encombrant et ça pèse lourd. Vous commencez donc à convaincre les gens autour de vous, qui, à l'abri depuis des années, en viendraient presque à se demander pourquoi ils ont un parapluie. Peu à peu, de plus en plus de personnes les laissent donc tomber. Seulement, si un trop grand nombre de personnes lâchent leur parapluie, le nombre restant ne sera pas suffisant pour protéger tout le monde des gouttes... Et tous ceux qui n'ont pas de parapluie recommenceront à être mouillés.
Dans cette métaphore, les parapluies désignent les vaccins, tandis que les gouttes d'eau désignent les maladies.
II/ Et la responsabilité collective, dans tout ça ?
Cette idée de la couverture vaccinale repose sur des mécanismes avec lesquels nous sommes familiers en ces temps de pandémie. En effet, dans la métaphore précédente on pourrait objecter que si l'on a choisi de ne pas porter de parapluie, on en assume seul ses actes. Mais ne pas porter de parapluie a aussi pour conséquence de diminuer la protection globale de la population... Et ceux qui sont trop faibles pour porter un parapluie (les enfants, les personnes âgées) se retrouvent également exposés, sans plus pouvoir compter sur la protection des autres.
Le fameux slogan "Sauvez des vies, restez chez vous" pourrait s'appliquer aux vaccins : "sauvez des vies, vaccinez-vous". Lorsque vous attrapez une maladie, non seulement vous vous mettez vous-même dans une situation désagréable (voire dangereuse), mais en plus vous devenez un vecteur pour cette maladie. Or, tout comme certaines personnes sont inaptes à recevoir certains traitements, tout le monde ne peut pas se faire vacciner : les vaccins induisent une surcharge virale qui, bien que temporaire, peut être un danger pour les personnes à risque.
III/ Quand la mécanique coince
Evidemment, ce que j'ai développé ci-dessus peut sembler n'être que pure théorie, et certains d'entre vous seront peut-être tentés de se dire que de toute façon, les maladies ne sont pas assez répandues pour que les vaccins aient un réel impact sur la santé publique... Je vous présente donc l'exemple de la rougeole.
Cette maladie n'est plus très présente en France, mais elle fait encore des ravages dans certains pays en développement. Elle est en effet hautement contagieuse (on estime qu'une personne malade peut en contaminer entre 15 et 20 autres), et peut causer la mort dans sa forme la plus grave, notamment chez les enfants.
Grâce à l'introduction d'un vaccin dans les années 80, le nombre de cas de rougeole a drastiquement baissé. Les graphiques ci-dessous permettent de visualiser le nombre de cas rapportés ainsi que la couverture vaccinale, en pourcentage. Le premier ne concerne que l'Angleterre et le Pays de Gales, tandis que le deuxième concerne le monde entier.
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Annual measles notifications and vaccine coverage in England and Wales, 1950–2001. MMR, measles-mumps-rubella; MR, measles-rubella. |
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Measles vaccine coverage at 24 months and measles incidence among children <5 years of age by census tract [n = 207), Milwaukee, Wisconsin, 1989–1990. |
Il est à noter qu'à partir des années 2010, suite à l'augmentation de la méfiance envers les vaccins, le nombre de cas de rougeole est reparti périodiquement à la hausse. A ce jour, la rougeole n'est donc toujours pas éradiquée.
III/ Sources
Ci-dessous, les sources consultées pour l'écriture de cet article.
Illustration : Crowd in the Domain with umbrellas (1927)
Graphiques :
Graphiques non utilisés :
Divers :
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